Agnès, Costa Rica

Une renaissance

Agnès nous introduit dans cette nouvelle amitié récente avec Paniagua, un homme habité par le repentir.

Tous les lundis, nous allons au centre de réinsertion pour les personnes qui ont un problème d’alcool. Nous retrouvons nos habitués, prêts à jouer aux dominos.

Paniagua est un homme d’environ soixante-cinq ans. Quand il est arrivé au centre, il ne s’approchait pas trop de nous puis, petit à petit, il a pris ses marques. Maintenant, c’est émouvant de le voir avec ses compagnons. Il est d’une très grande attention. Nous l’avons retrouvé un jour dans la salle de dessin. L’un des résidents, étant artiste peintre, lui a appris à peindre. Il nous a présenté ses différents tableaux (tous faits à partir de matériel de recyclage). Puis, soudain il nous montre le portrait d’une jeune femme et, sans préambule, il nous dit que c’est à cause de sa nièce, s’il est au centre. Sa nièce était asthmatique, et elle a eu une forte crise lorsqu’elle découvrit son oncle sur le trottoir de la capitale, en état d’ébriété. Elle a dû être internée et elle s’est éteinte quelques jours plus tard sans avoir recouvré la conscience. Après ce drame, Paniagua décida de ne plus toucher une goutte d’alcool et il entra au centre. Son nouveau projet est de peindre le visage de sa nièce pour lui rendre hommage. Pour moi, Paniagua incarne le repentir :

« Par le repentir, l’homme prend à son compte ce qui a été ; il le pénètre en le reconnaissant et en le jugeant avec sa raison, sa volonté et son intentionnalité. Le passé est de nouveau accepté en liberté et, par elle, transformé ; il est entraîné dans le début de la nouvelle création qui s’accomplit grâce à la puissance du Saint-Esprit, et il est transmué par lui. Ce qui a été manqué est offert à nouveau. » (Romano Guardini)