Une nouvelle famille

Clara est une petite fille de huit ans qui est une habituée de la maison. Elle vit “malheureusement” avec sa tante, tandis que sa maman, qui ne pouvait s’en occuper, vit au Guatemala avec son frère et sa sœur. Quand elle n’est pas à l’école, elle passe la plupart de son temps avec son cousin chez son arrière-grand-mère, qui est presque notre voisine.

A mon arrivée, Hermana Bénédicte m’avait prévenu : « Tu verras Clara, c’est comme votre fille». Notre amitié a commencé de manière plutôt intéressée : elle venait chaque jour passer un petit peu de temps avec moi, car elle savait que j’avais ramené du bon chocolat et que je lui accordais un carré par jour.

C’est celle qui, pour moi, a le mieux compris le sens de notre mission. Effectivement, Clara n’a pas de famille, mais elle s’en est forgée une immense. Elle aime chaque volontaire de Points-Cœur qui est comme un frère ou une sœur. Alors, effectivement, elle a des préférences pour certains volontaires mais elle sait que, lorsque quelqu’un part, un autre tout aussi attentionné arrive et que peu importe ce qu’il y aura, la porte de notre maison sera toujours ouverte. Dans le quartier c’est pareil : tout le monde prend soin d’elle, que ce soit les petites grands-mères de la paroisse, comme les enfants de chœur.

Chaque matin c’est la même routine. Vers 11h30, on entend un “Holà Puntooo”. Clara rentre et fait un câlin à chacun avant de commencer à jouer avec son cousin ou à danser. Dès que nous partons quelque part, elle demande à venir avec nous : ça m’arrache le cœur à chaque fois que je dois lui dire non !

Le Point-Cœur, c’est vraiment sa maison et sa famille. Je me souviens que pour Noël, Clara devait danser à la paroisse. Toute stressée, elle avait enfilé sa plus belle robe et attendait son moment. Dans ces moments-là, un enfant cherche toujours un regard rassurant et bienveillant de sa famille. Ce regard, c’était vers nous qu’elle le cherchait. Je tentais de lui sourire pour la calmer, mais il n’y avait rien à faire. Vient alors son tour et elle se débrouille merveilleusement bien. Pendant sa danse, je me remémore encore la joie sur son visage, toute fière de nous montrer ce qu’elle savait faire. Elle était aux anges.

Je me rappelle aussi, un samedi pendant une permanence chez nous, avoir remarqué Clara se disputer avec une autre petite fille. Je m’approche alors pour tenter de les calmer et je demande alors à Clara ce qui se passe. Celle-ci m’explique tout naturellement que l’autre petite fille se porte mal chez nous et que, du coup, elle doit aller dehors. Gare à celui qui fait des bêtises chez nous sous les yeux de Clara : on se comporte bien dans sa maison ! Mon amitié avec Clara est plutôt facile. Il faut parfois savoir lui dire non et lui mettre des limites (ce qui me coûte encore un peu), mais elle a surtout besoin de beaucoup de câlins, d’attention et d’amour. Cela tombe bien car j’en ai beaucoup à lui offrir !