Amélisse, Italie

Une femme éprouvée

Amélisse nous introduit dans son amitié récente avec Gianna, qui n’hésite pas à lui demander de l’aide dans ses démarches pour récupérer son fils.

Ces derniers mois, il y a une maman de notre quartier qui a habité mon cœur d’une manière toute particulière. J’aimerais beaucoup vous la confier, elle qui pleure tous les jours en se levant. Gianna a une trentaine d’années et a donné naissance à un troisième garçon, Antonio, il y a maintenant six mois. Cette grossesse a été source d’une grande dépression pour elle et au début, elle ne désirait pas garder cet enfant.

Elle a finalement décidé de l’accueillir. Mais les médecins et juges ont confié ce nouveau-né à sa belle famille, ne lui permettant pas d’être seule avec lui. Nous l’avons rencontrée en avril alors qu’elle appelait à l’aide. C’était trop dur d’être séparée de son fils, et l’angoisse qu’il soit placé en famille d’accueil la hantait jours et nuits. « J’ai peur » disait-elle, les larmes aux yeux, en pensant à l’audience qui aurait lieu début juillet. « Est-ce que tu resteras avec moi jusqu’à l’audience ? Tu ne me laisseras pas ? » C’est sans détour qu’elle m’a demandé d’être présente auprès d’elle et sa demande a été une vraie provocation personnelle pour moi. Il ne s’agissait pas de répondre en général « Points-Cœur sera là » même si c’est effectivement toute la communauté qui, doucement, s’est rendue présente auprès d’elle. Pour la première fois, j’ai répondu avec confiance, « Oui, je serai là », moi, Amélisse, même si juillet me semblait bien lointain ! Et cela a certainement participé à me rendre persévérante alors qu’elle devenait inaccessible les semaines suivantes. Plusieurs fois nous avons essayé de la visiter, de l’appeler sans la trouver. Un après-midi, nous nous sommes rendues chez ses beaux-parents, sans savoir exactement où ils habitaient. La Providence nous a guidés pas à pas… un portail qui s’ouvre au moment où l’on arrive, un voisin qui se lève de la sieste et nous indique leur maison. Gianna, les yeux cernés et le visage fatigué, a entre-ouvert la porte. « Je ne peux pas vous accueillir maintenant. Tout le monde fait la sieste. Antonio vient à peine de se réveiller. » Alors que nous étions prêtes à partir parce que ce n’était pas le moment, elle nous a confié Antonio dans les bras et sommes restées dehors sur la terrasse. Les quelques minutes consenties sont devenues quelques heures pendant lesquelles nous avons rencontré ses beaux-parents, bu, mangé, rigolé et prié.