Marie, Argentine

Une femme passionnée

A travers l’expérience de la maladie, Magdalena abandonne sa vie dans les mains de Dieu et se met au service des personnes qui l’entourent.

Magadalena est une petite femme ronde de cinquante-sept ans, au regard lumineux, au sourire contagieux. Magdalena est une battante, sa vie nous le démontre : la mort de ses parents quand elle avait quatre ans, éduquée par son oncle et sa tante, puis placée en foyer. Plus tard, elle tombera dans l’alcoolisme jusqu’à ce qu’elle décide de reprendre sa vie en main. Elle se mariera, aura trois enfants. Aujourd’hui, elle est grand-mère et vit son rôle très à cœur. Elle aime raconter avec quelle joie, quel enthousiasme elle aime passer du temps avec ses enfants et petits-enfants : jouer avec eux, entrer dans leur monde imaginaire, donner ce qu’elle n’a pu recevoir, comme pour réparer une enfance blessée. Magdalena est une femme profondément généreuse, malmenée par la vie, son cœur est sans doute plus sensible aux souffrances des autres. Sa fille nous racontera que, dès son enfance, elle suivra sa mère dans ces élans de générosité. Magdalena remuait ciel et terre pour les enfants du quartier, donnant de son temps et de son argent : elle ouvrira la soupe populaire, leur trouvera des cadeaux pour Noël, des vêtements… Une inondation dans le quartier ? Magdalena va de maison en maison, se préoccupant pour chacun, faisant l’état des lieux des dégâts, et va se procurer le matériel nécessaire : matelas, meubles… Elle est aussi la “mère adoptive” de Carolina, une amie du quartier, l’accompagnant, la conseillant dans toutes les épreuves de sa vie.

Il y a dix ans, Magdalena est atteinte d’un cancer. La maladie est longue, douloureuse. Elle nous raconte avec reconnaissance et affection qu’elle a été accompagnée, à ce moment de sa vie, par un jeune de Points-Cœur, son amitié allégeait sa souffrance. Cette épreuve provoquera une crise dans sa foi, le Seigneur lui montrera son amour et sa tendresse, elle finira par s’abandonner dans ses bras. Et vivra sa maladie avec confiance, ce qui étonnera le médecin qui l’accompagnait. Dix ans plus tard, la maladie revient, ce sont alors les souvenirs de douleurs, combats, grandes fatigues qui refont surface. C’est au cœur de ce moment d’angoisse que je l’ai rencontrée pour la première fois. Nous irons la visiter régulièrement, réceptacle de ces questionnements et craintes. Nous vivons surtout avec elle une belle amitié. Et je découvre en Magdalena une femme étonnante : une femme de foi, une femme passionnée et une grande générosité.