Jonathan Rivier, Chili

Un maître d'espérance

Jonathan nous livre le témoignage d’espérance de Nicolas, détenu dans la prison de Valparaíso, où “surabonde la grâce au cœur de la souffrance et du péché”…

Je souhaiterais maintenant vous partager ce que je vis tous les vendredis au sein de la prison de Valparaiso, véritable lieu de conversion et école de vie. Au cœur de la souffrance, du péché, de la haine, surabonde la grâce. Voir mes amis dans ce lieu de vie, pouvoir partager un moment, puis retourner à la vie réelle, me touche beaucoup et m’a fait faire un grand chemin de conversion. Lorsque je rentre dans cette prison, j’ai l’impression de suivre le Christ, marchant avec sa croix vers le Golgotha.

J’aimerais vous partager l’amitié avec Nicolas, amitié qui m’a été offerte après sa première communion qu’il avait faite au sein de la prison, avec les anciens volontaires. Nicolas a fait un grand chemin et m’a montré ce qu’est l’espérance… l’espérance de pouvoir un jour sortir à la lumière du jour, l’espérance de se savoir pardonné, l’espérance de recevoir le Christ lorsque je lui apporte la sainte communion. La vie dans la prison est un autre monde où chacun lutte pour ne pas montrer ses faiblesses. C’est une vie d’une dureté impensable qui ne laisse pas l’homme sans souffrance.

Comme Nicolas, beaucoup d’autres amitiés me sont offertes, et ce sont des amitiés incroyables, fondées sur la confiance et l’abandon. L’autre jour, un ami me disait : « Avec vous je peux parler librement, goûter l’air du dehors, me sentir moi-même ». Ces paroles m’ont touché, car je voyais au fond de son cœur la dureté de sa vie, mais aussi cette grande soif, qui n’est qu’autre que celle de l’Homme, pouvoir être tel un enfant dans les bras du père, pouvoir être pleinement ce que Dieu nous a appelés à être. Et je découvrais, dans le même temps, la dureté de la prison, où chacun doit surveiller ses paroles afin de conserver sa vie. C’est un combat permanent, eux-mêmes me le disent : « Le seul moment où je peux respirer, c’est en parlant avec toi ». « Mais c’est aussi un lieu où surabonde la grâce », me disait un autre ami, un lieu de pardon, de conversion, un véritable chemin de croix avec le Christ, c’est une porte toujours ouverte vers le ciel qui ramène l’Homme à Dieu.

Je pense que, pour que je puisse parler avec plus de fluidité de ce que je vis dans la prison de Valparaiso, il va me falloir plus de temps, car mon regard change, et l’immense beauté de ma mission là-bas est difficile à retransmettre par écrit… Mon cœur pleure d’amour face à la réalité de vie de mes amis et je suis transfiguré lorsque je croise, dans une de ces cours de la prison, le visage du Christ, véritable lumière dans les ténèbres.

Pour revenir à la phrase du Père Luigi Guissani que j’ai écrite au début de ma lettre : « La traversée vers le destin devient possible seulement face à la présence du Christ ». Grâce à cette présence aujourd’hui, Nicolas est libre. Je suis, récemment, allé le visiter dans sa maison. Ce fut une immense grâce d’avoir pu l’accompagner tout ce temps et sur ce chemin de conversion.