Colombe, Argentine

Un gâteau pour l’amitié

Colombe nous présente Marina, une amie du quartier si généreuse qui manifeste sa présence auprès de chaque enfant du pasillo pour le jour de leur anniversaire.

En rentrant à la maison, avec mon frère de communauté, on se dit que, peut-­être, Dieu veut qu’on vive une Pâque plus simple et qu’on se décentre de ce désir d’avoir un très bon dessert le soir de la Résurrection. En tout cas, on décide de faire confiance à Dieu et de voir ce qu’il adviendra sans se casser la tête à chercher de tous côtés un autre dessert et en se concentrant plus sur la préparation de la vigile pascale. Le lendemain, on apprend qu’un paquet est arrivé pour nous à la paroisse : une boîte de très bons chocolats envoyée par une des familles de la capitale, chez qui on va se reposer une fois par semaine ! Et, dans l’après-­midi, Marina, notre voisine d’en face, frappe à la porte pour nous offrir un gâteau à la clémentine, parfaitement dans les temps pour être notre gâteau de Pâques ! Merci Seigneur, tu prends soin de nous même dans les petits détails et tu entends nos moindres désirs ! Pour moi, c’est l’accomplissement concret de cette phrase de l’évangile : « Cherchez son royaume et cela vous sera donné par surcroît » (Luc12, 31) ou « Occupez-­‐vous de préparer vos cœurs à accueillir le Seigneur et la Providence se chargera de vous trouver un dessert ». Ou de cette autre phrase que j’aime beaucoup : « Fais de l’éternel tes délices et il te donnera ce que ton cœur désire » (Psaume 37,4).

Je veux vous parler un peu de Marina qui, providentiellement, nous a offert ce gâteau. C’est une petite femme, au sourire malicieux et impressionnante de générosité : à chaque anniversaire d’un enfant du pasillo, et ils sont nombreux,elle met devant sa porte un panneau Feliz cumpleaños + [nom de l’enfant], lui cuisine un gâteau et lui offre un cadeau. Parfois, elle cuisine des tortas fritas qu’elle distribue aux enfants l’après-­midi avec un mate cocido, comme ça, gratuitement, pour prendre soin d’eux et pour qu’ils mangent quelque chose. D’autres fois, elle cuisine un grand gâteau qu’elle va distribuer à chaque enfant du pasillo et à tous ceux qu’elle croise. Acte pur d’attention à l’autre, de générosité débordante. Et, lorsqu’elle nous a offert notre gâteau de Pâques, elle nous a raconté qu’elle avait pensé à tous les gâteaux que les missionnaires de Points-­Cœur avaient cuisinés pour elle à chaque anniversaire (elle se souvient précisément du goût de chaque gâteau) et alors, elle avait eu envie à son tour de nous en cuisiner un. Lorsque je l’écoutais raconter la recette de chaque gâteau qu’elle avait reçu, se souvenant bien sûr de quel volontaire l’avait cuisiné, une phrase a résonné en moi : «Obtenez-­moi un cœur magnifique à se donner, généreux, qui n’oublie aucun bienfait et ne tient rancune d’aucun mal» (issue de la prière de Père de Grandmaison). Et Marina, ce cœur si grand, si généreux dont parle la prière, elle l’a déjà. Marina, un jour, nous a dit qu’elle était heureuse de sa vie ici parce qu’elle aime son boulot (elle cuisine des pizzas qu’elle vend de maison en maison), elle aime son mari, elle aime notre pasillo, qu’elle ne quitterait pour rien au monde notre villa car son bonheur est ici, dans notre quartier. Heureuse du peu qu’elle a, elle ne rêve pas de richesses, au contraire, elle rêve de pouvoir toujours vivre ce bonheur simple de chaque jour.