Gaëtane, Roumanie

Présence gratuite

En faisant l’expérience d’être déjà aimée par les amis du quartier qui ne la connaissent pas encore, Gaëtane comprend que le plus important pour les amis c’est la présence gratuite à leurs côtés.

Quand je suis allée chez Reco et Janous (un couple hongrois) pour la première fois, c’était un soir, ils nous avaient invitées à dîner chez eux. “Ma bacur ca ati venit » disent-ils en refrain (je me réjouis que vous soyez venues). Leur joie était visible sur leurs visages puis ils m’ont tendu un feutre pour que j’écrive mon prénom sur le mur de l’escalier à la suite d’une multitude d’autres prénoms. Moi ? Mais pourquoi ? Ai-je pensé. Ils ne me connaissaient pas encore et ils m’accueillaient sans aucune attente. J’étais là et c’était ma présence qui comptait, ils m’aimaient déjà.

De même pour Ori, un homme hongrois, assez âgé, qui conserve précieusement un livret depuis quinze ans, dans lequel chacune des volontaires a écrit son prénom et son nom. Nous avons passé un moment avec lui dans sa vieille petite cuisine chauffée au poêle à bois où nous avons dégusté sa Țuică fait maison. J’ai vu peu à peu sur le visage de ce vieillard fatigué et très peu expressif, une lumière dans ses yeux et c’est alors qu’il m’a demandé d’écrire mon prénom sur le livret. Pour moi, c’était comme s’il me disait : « Je ne te connais pas encore bien, mais ta présence est déjà importante pour moi. »