Marie, Argentine

Luna

Marie nous raconte le départ de Luna vers la patrie céleste et le vide qu’elle laisse pour sa famille, pour le Point-Cœur, pour le quartier.

Je voudrais dans cette lettre rendre hommage à Luna, vous faire connaître ce petit ange comme l’appelle sa maman aujourd’hui.

Luna était une petite fille brune, au regard pétillant et malicieux, au sourire lumineux reflétant sa joie et son énergie. Une vraie jolie petite fille avec un léger air de garçon manqué qui la rendait charmante. Quand Luna nous voyait dans la rue, elle courait et se jetait dans nos bras, nous serrant de toutes ses forces à nous faire presque tomber « Te amo, te amo ! » (Je t’aime, je t’aime) nous disait-elle parfois. Elle avait une si grande soif d’amitié et de reconnais- sance que cela la rendait parfois « électrique » quand elle était petite. Mais en grandissant, elle a acquis de la douceur et une certaine paix. J’ai eu la chance d’avoir été témoin de ce chemin de vie et d’avoir été son amie.

Alors qu’elle jouait avec ses amies dans une piscine, elle a subi une simple chute mal diagnostiquée, provoquant une infection généralisée. Après plusieurs jours d’hospitalisation, Luna est décédée, elle est partie dans les bras du Père. Cette nouvelle est un véritable drame pour sa famille, pour tous nos voisins de Villa Jardin qui l’ont vue grandir, jouer, courir, flâner dans ses rues et pour tous les volontaires qui ont partagé un instant de sa vie. Elle aimait tant venir au Point-Cœur : cuisiner, tapisser le frigidaire de ses desseins, jouer, prier le chapelet ou simplement converser à la fenêtre. Luna a laissé une belle empreinte dans nos vies.

Pour Gladys et Miguel ses parents et ses sept frères et sœurs, elle laisse un vide immense. Gladys est une grande amie du Point-Cœur depuis tant d’années. C’est une femme forte, une femme de caractère, entière et donnée. Avec ses longs cheveux noirs et lisses, ses petits yeux noirs francs et rieurs, elle porte une beauté où se mélangent fermeté, joie et candeur. Depuis que Luna est partie, c’est une grande douleur qui l’habite, une douleur que seul un parent, seule une maman peut comprendre.

Au milieu de ce chaos de souffrance, Gladys m’impressionne par sa force, sa foi et sa confiance. Je l’ai vue consoler une volontaire : « Que notre tristesse n’empêche pas mon petit ange de monter au Ciel, il faut la laisser partir en paix », nous disait-elle. Quelques jours après son décès, Luna allait avoir huit ans, Gladys a souhaité fêter son anniversaire avec les enfants du quartier. Nous étions présentes à ce moment fort et étonnant où Gladys a voulu laisser l’empreinte de la joie dans nos cœurs au souvenir de Luna.

Rihanna, sa petite sœur de quatre ans, apprend à vivre sans sa grande sœur. Elle émane naturellement cette joie de vivre et cette douceur qui, je le sens, apaise sa famille. Et puis, elle est la raison pour Gladys de continuer à aller de l’avant et d’être mère. Je l’ai su le jour du décès de Luna, en voyant Gladys dévastée par la nouvelle et qu’au milieu de ses pleurs, vient se dessiner sur son visage un vrai sourire quand Rihanna s’approche d’elle, quand elle lui parle, et que je l’entends s’en préoccuper comme une mère le fait si naturellement.