Amélisse, Italie

Les mamans au centre de rééducation

Amélisse nous fait part d’un nouvel aspect dans sa mission : rencontrer ces mères de famille en salle d’attente de rééducation. C’est exigeant, c’est appauvrissant mais c’est aussi un événement complètement inattendu !

Depuis quelques semaines, nous avons commencé à nous rendre un après-midi par semaine dans la salle d’attente d’un centre de rééducation. Nous passons quelques heures avec les membres de la famille qui patientent le temps de la thérapie de celui qu’ils accompagnent. Majoritairement, ce sont des femmes qui viennent d’Afragola et des villes alentours et qui amènent leur(s) enfant(s) pour cinquante minutes d’orthophonie, de kinésithérapie, d’exercices de motricité, etc. Elles viennent une, deux, cinq, sept fois par semaine depuis quelques mois ou quelques années. Il y a un tas de personnes différentes. Certains viennent par leurs propres moyens, d’autres se font accompagner par une tante, une amie ou leur mari et d’autres viennent avec la navette mise à disposition, sur inscription. Pendant deux ans, avant d’obtenir une place dans la navette, une jeune maman ukrainienne faisait deux heures de marche pour venir tous les jours avec sa fille handicapée !

Ce genre de réalité me fait réaliser à quel point c’est exigeant d’être parent : cela demande de se donner tout entier pour un autre qui ne nous appartient pas et qui nous a été confié, avec ses limites. C’est dur et fatiguant, certaines mamans sont épuisées et je suis toujours étonnée de les voir embrasser leurs enfants et les regarder avec tendresse alors qu’ils sont source de tant de sacrifices. Elles les aiment d’une manière surnaturelle, infinie. Leur corps fatigué et cabossé manifeste l’élan qui les entraîne à se donner et je m’étonne que cohabitent ainsi souffrance et amour, aussi étroitement.

Au début, c’était difficile d’être fidèle à cet engagement hebdomadaire et il y a avait plein d’excuses pour éviter d’y aller, ou s’arranger pour que d’autres y aillent. Les mamans étaient absorbées par leur téléphone ou déjà engagées dans des discussions avec d’autres et il me semblait toujours qu’il fallait oser provoquer la rencontre par des questions et discussions banales. Mais ce jour-là, j’ai été surprise d’avoir eu simplement à accueillir la provocation d’un autre. Elena, une petite fille énergique, attendait impatiemment son tour en se dandinant devant son téléphone sur TikTok. Nous nous sommes mises à l’imiter et sa danse solitaire est devenue un cours de danse collectif : nous voilà à danser dans le hall d’entrée sur le rythme des musiques italiennes de l’été. Les mamans étaient toutes amusées de nous voir suivre la chorégraphie de cette professeur de danse improvisée. Entre les rires et les cris, Elena est entrée pour sa thérapie et nous sommes restées discuter avec les mamans et jouer avec les autres petites filles !