Sylvie, Japon

La confiance d'une mère

Désemparée par la souffrance de son fils, c’est vers Sylvie que la maman d’Uta se tourne avec confiance.

Nous avons rencontré Uta, il y a bien deux ans maintenant. C’est un jeune homme lycéen qui, à l’époque, venait de rentrer de trois semaines aux Etats-Unis. Il aime parler anglais et rêve de partir faire ses études loin du Japon, où il se sent oppressé. Il suit sa scolarité par correspondance, car l’école ordinaire ne lui convient pas. Ouvert et volontaire, il devient vite un ami qui vient régulièrement à la maison. Il a une part mystérieuse en lui, pleine d’anxiété et de tristesse qui font que, parfois, on n’arrive pas à le comprendre, il part dans ses pensées en pleine conversation…

Un soir, en rentrant d’une journée bien chargée, je reçois un message de sa maman me disant : « Est-ce que je peux passer chez toi demain ? Uta ne sait rien ». Depuis mon retour de voyage, je n’ai effectivement pas de nouvelles de lui, il ne répond pas à mes messages et tout le monde est préoccupé. Sa maman vient prendre un café et, très vite, je comprends qu’elle a besoin de parler. Nous allons à la chapelle et, là, elle me raconte combien elle se fait du souci pour son fils car il ne sort plus de sa chambre. Son père ne conçoit pas que son fils unique aille étudier si loin et ne lui donne pas son accord. Petit à petit, Uta se renferme jusqu’à devenir hikikumori (personne qui ne veut plus sortir de chez lui, qui a peur de l’extérieur, de la réalité, de la société). Nous prions pour lui tous les jours et implorons pour lui la grâce de faire un petit pas de liberté, un petit pas vers l’extérieur. À l’heure actuelle, la situation n’a malheureusement pas beaucoup changé, mais je suis impressionnée par la confiance de cette maman perdue, désemparée. Elle avait besoin d’une oreille qui l’écoute, la comprenne et prie pour son fils. Uta est toujours dans sa chambre et passe par des phases où il ne mange que très peu ce que sa maman lui prépare. Et nous essayons, par différents moyens, de reprendre la communication, de lui redonner confiance, le désir de revenir vers les autres, vers cette société qui peut être si rude.