Francisco et Carlito
Mathilde raconte comment Carlito et Francisco, amis du quartier, participent chaque semaine au miracle de réunir les enfants sur le terrain de foot. Attentifs à chaque enfant, ils aident les volontaires à découvrir les codes du quartier.
Les enfants peuplent notre quartier. Et cette année où ils ont peu été à l’école, nous avons eu le temps de faire leur connaissance. Nous passons de beaux moments avec eux et ils ont le don de nous réveiller et de nous rendre la joie et l’énergie perdues. Petit à petit, nous connaissons leurs familles qui nous offrent leur confiance. Nous sommes étonnés de voir le terrain de foot se remplir quand nous y sommes et se vider aussitôt que nous partons. C’est ainsi que, quand il n’y a plus eu de garçons à la maison, les mauvaises herbes ont tout envahi. Et là est née une belle initiative avec deux amis : Francisco et Carlitos : récupérer « notre » terrain en le nettoyant. Carlitos et Francisco, nous les avons connus dans le groupe de jeunes de la paroisse à notre arrivée.
Ils sont devenus par « intermédiaire » des enfants de notre quartier, de grands amis. Carlitos vit dans une cabane, Francisco dans une maison, les deux font des petits boulots. L’un des petits boulots de Francisco est d’administrer les locations de ses parents dans le quartier. Francisco se déplace dans notre quartier en auto, Carlitos chemine pas mal dans nos rues, un vieux téléphone à la main qui lui sert de radio, pour écouter les matchs ou bien quelques chansons. Les deux se sont connus dans le groupe de jeunes de la paroisse mais deviennent amis grâce à « nos enfants ».
En effet, depuis plus de neuf mois déjà, nous avons un rendez-vous à ne pas manquer, les enfants en bas de la maison, près du quartier des Dominicains (Près de chez nous ont été construites des maisons pour tout un groupe de familles originaires de République Dominicaine), nous attendent, petits, grands, filles et garçons. S’organise alors un match de foot sérieux sur le terrain et puis différents jeux pour les autres. Carlitos et Francisco sont là aussi chaque dimanche, fidèlement. Ils nous accompagnent et c’est bien incroyable de les voir… Je les regarde avec admiration et j’apprends. Ils sont attentifs à chacun, tant pour reprendre l’un que pour intégrer l’autre, ils forment avec nous le ciment qui permet à tous d’être ensemble. Et cela, c’est chaque fois un miracle, voir sur le terrain les ados à casquette du quartier, les filles aux buts qui profitent des temps morts pour converser, les gars de douze ans qui veulent seulement marquer des buts, les petits bonhommes qui voudraient déjà qu’on leur passe la balle et qui courent après chacune des passes ! Un miracle… et le plus beau, c’est qu’eux sont les premiers heureux d’être là, ils en profitent à fond aussi et ressortent du terrain tout transpirants, un sourire énorme sur les lèvres et sont encore attentifs avec nous jusqu’au dernier moment…
Leur exemple est un grand témoignage pour moi, ils pourraient faire milles choses, mais sont là et offrent leur dimanche après-midi aux gamins du quartier. Chaque fois que nous les invitons, ils sont là, puis se retirent discrètement. Leur présence est aussi une grande aide car ils connaissent bien mieux que nous le code et le langage de nos rues. Et puis, comme nous, ils ont appris à aimer ces enfants-là, tous, et chacun en particulier.