Héloïse, Cuba

Des maîtres dans l’abandon au Christ

Dans le silence de leur handicap, Pedrito conduit Dayan vers le Christ. Ces maîtres ne peuvent peut-être pas parler mais il suffit de les regarder à cet instant pour savoir que tout leur coeur est tourné vers le Seigneur.

Ce sont deux amis du lieu de vie pour personnes handicapées que nous visitons chaque semaine. Un mardi matin, en arrivant là-bas, mon regard se pose sur Pedrito et Dayan assis l’un à côté de l’autre. Les deux sont un peu voûtés en avant et semblent comploter quelque chose. En m’approchant, je vois dans les mains de Dayan, le chapelet de Pedrito et, sur les genoux de Pedrito, leurs casquettes respectives. Pas de complot ici, sinon deux personnes qui se réunissent pour prier. Je les rejoins, heureuse de pouvoir partager ce moment avec eux. Ensemble nous offrons une dizaine du chapelet pour leurs intentions. Ils ne peuvent peut-être pas parler, ou peu, mais il suffit de les regarder à cet instant, pour savoir que tout leur cœur est tourné vers le Seigneur. Ils sont profondément recueillis. A la fin de ce temps de prière, je dessine une croix sur le front de Dayan, qui me rend son plus beau sourire. Pedrito prend son temps et fait son signe de croix tout seul. Mais il attrape ma main et la colle à son front, pour que je fasse de même avec lui. Il récupère ensuite son chapelet des mains de Dayan et le range dans sa banane, poche avant, lieu dédié à cet effet. Il me demande seulement de l’aider pour fermer la fermeture éclair. Chaque fois, sa persévérance dans les tâches qu’il veut accomplir, m’impressionne. S’il rate, il recommence, jusqu’au moment où il y arrivera. Il entreprend ensuite de remettre sa casquette et me donne celle de Dayan pour que je la fixe sur sa tête. Pedrito a appris à se découvrir pour prier et, maintenant, il a à cœur de l’enseigner.

Pedrito a une cinquantaine d’années, Dayan, seize ans. Le premier a une foi inébranlable et le second se prépare à recevoir le baptême. Pour cette occasion, Pedrito me fait comprendre qu’il aimerait que nous offrions un chapelet à Dayan. Il prend son rôle de parrain très au sérieux. Il souhaite accompagner son ami dans son chemin de foi. Dayan, lui, a ce désir si pur de devenir enfant de Dieu. Il suit en confiance l’exemple de Pedrito. En s’arrêtant et en les regardant, en prenant le temps d’être avec eux, on y découvre des maîtres. Des maîtres dans la fidélité à la prière, des maîtres dans la manière de se préparer et de se recueillir, des maîtres dans l’abandon au Christ. Ils pourraient entrer dans la plainte constante ou dans la tristesse, mais ils ont choisi d’offrir leur vie et de rayonner de l’amour du Christ au milieu des autres. Quel signe d’espérance, quelle lumière au milieu de tant de souffrance !