Marie, Italie

Coutumes napolitaines

Marie apprend à changer son regard et à s’émerveiller des petites choses, des petits détails de la vie quotidienne dans lesquels se révèlent toute la beauté de la culture napolitaine.

Je ne connais pas encore assez bien nos amis pour vous parler d’eux en toute authenticité, mais je vais essayer un peu de vous faire découvrir le quartier et goûter aux coutumes de ce monde napolitain.

Sur la place en face de vous, les “scunnizz” (tous les p’tits gosses qui traînent dans les rues) qui jouent au calcio (football) du soir au matin. Arrêtons-nous un instant pour saluer Pio, Carlo, Marco et Renato : “fai cinque” ? (on fait un check ?) Les enfants, à première vue, sont fiers, indépendants, les garçons virils et machos : de vrais durs. Les filles un peu provocatrices derrière leurs épaisses couches de fond de teint et leurs mini-jupes. Mais, derrière ces masques d’invulnérabilité, se cachent des cœurs en or, un besoin d’amour et d’affection, l’envie d’être un enfant et de jouer. Si c’est un peu désarmant, au début, de se faire regarder de haut ou carrément snober, j’apprends peu à peu à les apprivoiser et à me laisser apprivoiser par eux.

Naples, entre luxe et misère, dénuement et abondance, entre deux “caffè”, entre immobilité et modernité, rêve et réalité. On rentre à la maison, déjeuner, puis café (bien entendu). Driiiiiing… qui vient perturber la tranquille heure de la digestion ? C’est Pio, que nous avons croisé tout à l’heure, un gosse de treize ans, qui me dit qu’il a quinze minutes et qu’il veut jouer à la scopa avec moi. Ah la la, la scopa, le jeu napolitain par excellence, joué autant par les enfants que par les “vecchietti” (petits vieux) dans les rues, sur les bancs, assis dans un café. Faisons attention, Pio, petite tête blonde qui, malgré son air angélique, est un sacré “imbroglione” : il triche sans vergogne. Avant de partir, il me demande s’il peut prendre un bonbon. Je reste touchée par cette visite à l’improviste, qui montre le besoin de jouer de nos enfants du quartier. Il est 14h, et jusqu’à 16h au moins, impossible de visiter nos amis : c’est l’heure de la “siesta”, et il est absolument impensable d’en faire l’impasse. Ce serait un grave péché.

Sur le chemin du retour vers notre maison, voyez cette petite “nonna” (grand-mère) assise sur une chaise sur le trottoir ou accoudée à son balcon, qui observe la vie de la “strada” (rue), discute avec la voisine du balcon d’en face et laisse doucement s’écouler le temps, une éternelle cigarette entre les lèvres. Vous avez à peine le temps de vous complaire dans l’admiration de cet échange plein de charme quand, soudain, devant vous, un seau bleu fluo apparaît au-dessus de votre tête, retenu par une corde qu’une femme, de son balcon, laisse rapidement couler entre ses mains. Intrigués, vous vous arrêtez pour observer cet étrange ballet : près de vous, dans la rue, une autre femme y glisse quelques courses que celle du balcon s’empresse de faire remonter dans son seau.

Rentrons pour les vêpres, puis le dîner. Fiiiiiiou, braooooum, vous vous demandez quel est ce bruit assourdissant qui vient perturber le “calme” du repas, sortez sur le balcon et vous verrez à quelques maisons de distance un… feu d’artifice. Oui, ne soyez pas incrédules, c’est chose commune ici. Les “fuochi d’artificio” étant peu chers, ils sont utilisés à chaque célébration. Je suis touchée par la manière très napolitaine de tout célébrer : naissance, anniversaire, mariage, anniversaire de mariage, décès, anniversaire de décès, “onomastico” (jour de fête de son Saint Patron),… nous avons donc droit à des feux d’artifices TOUS les jours, à toute heure de la nuit comme du jour !