Eugénie, Inde

Aux petits soins

Eugénie nous raconte ce mariage auquel elle a participé. Plus que la fête en elle-même, c’est l’attention de ces femmes qui vivent au côté du Point-Coeur qui l’a touchée.

Nos voisines nous ont tout de suite adoptées, en nous assurant qu’elles prendraient soin de nous comme de leurs propres filles. Chose promise, chose due. Le soir-même, les propriétaires nous apportaient le dîner et, le lendemain, MoganaMa (notre voisine d’en face) nous habillait et nous pomponnait pour que nous l’accompagnions à un mariage avec toutes les voisines.

Cette première soirée fut un véritable spectacle ! Tout a commencé par la préparation. MoganaMa et sa fille nous ont revêtues de nos saris, ont dessiné le henné, nous ont ornées de bijoux dorés, pomponnées de talc et de parfum, appliquées le traditionnel poutou (point rouge au milieu du front). Aucun détail n’était oublié !

Puis, après avoir été transformées en princesses indiennes, nous nous sommes rendues à la réception du mariage, accompagnées de toutes nos voisines, plus belles les unes que les autres.

Nous y voilà. Les mariés sont installés dans ce grand canapé devant ce mur de roses roses, où ils resteront toute la soirée pour prendre une photo avec chaque invité. En attendant, nous suivons nos chères voisines pour manger le traditionnel chicken biryani (riz épicé) servi dans de grandes feuilles de bananier. Elles sont déjà toutes si attentives à nous. « Po ! Va ! Saptingalaa ? » « Va ! Viens ! Tu as mangé ? » Une fois le dîner terminé, c’est l’heure de rentrer. Nous nous entassons dans un tuck-tuck pour rentrer nous coucher, des étoiles plein les yeux.

Depuis cette soirée, nous nous asseyons chaque jour sur le pas de notre porte avec nos voisines pour discuter et passer du temps gratuit avec elles. Et, chaque jour, nos petites mamans indiennes continuent de veiller sur nous. Elles nous apportent le dîner, elles nous coiffent avec de l’huile de coco et du jasmin, elles nous aident à repousser les invasions de fourmis, elles nous apprennent à cuisiner ou bien elles nous appellent lorsque nous pouvons remplir nos réserves d’eau car l’eau courante n’arrive pas en continu à la maison. Quelle chance nous avons de les avoir ! Ces femmes m’apprennent à me détacher de ma volonté d’efficacité pour prendre le temps de savourer l’instant présent.