Astrid, Italie

Au rythme de nos amis

Se laisser guider par les amis, savoir écouter le cri de leur coeur et y répondre avec justesse, c’est ce qu’apprend Astrid avec Elvira.

Je voudrais finir cette lettre par la présentation d’Elvira, une grande amie du Point-Cœur, avec qui j’ai eu l’occasion de passer beaucoup de temps ces derniers mois. Elvira est une femme de presque cinquante ans, joyeuse et sociale, qui aime beaucoup chanter et qui connaît par cœur un répertoire impressionnant de la chanson italienne, avec Laura Pausini en tête de la liste des préférences. C’est une femme coquette qui aime se préparer pour sortir et qui possède une vraie collection de bagues et de colliers. C’est une belle personne simple et humble mais c’est aussi une personne qui souffre et qui connaît des moments difficiles avec le moral à zéro et un relâchement total. Elle vit avec son papa qui se fait vieux et qui demande, lui aussi, beaucoup d’attention. Nous avons essayé d’être présents pour Elvira dans les moments difficiles qu’elle a traversés ces derniers temps. Il est arrivé plusieurs fois qu’elle ait appelé, désespérée, demandant qu’on vienne la trouver parce qu’elle était mal. Impossible de ne pas répondre à ce cri de détresse.

Plusieurs fois, nous nous sommes rendus chez elle pour écouter ses pleurs, donner le réconfort d’un cœur et d’une oreille attentive. Et, souvent, je me suis trouvée face à mes limites, face à mon cœur étriqué qui perd patience et ne sait pas répondre aux besoins de l’autre, face également à mon impossibilité de changer sa situation mais j’étais là, à côté d’elle, pauvre et incapable, et je crois que c’est ce qui comptait le plus. Comme Elvira se laissait aller, je lui ai proposé de l’emmener chez le coiffeur. Cela a été une lutte de plusieurs semaines. J’étais persuadée qu’aller chez le coiffeur lui changerait les idées et lui ferait du bien pour retrouver le goût de prendre soin d’elle. Mais, chaque fois que j’avais tout organisé pour y aller, elle disait qu’elle se sentait mal et annulait la sortie. Un jour, je me suis dit que je tenais à l’emmener chez le coiffeur mais que ce n’était pas forcément la chose dont elle avait le plus besoin. Je tenais beaucoup à faire quelque chose car c’était plus facile que d’être simplement à ses côtés. Alors, j’ai décidé de laisser tomber. Et, finalement, le lendemain, elle était prête !

Nous avons passé presque deux heures chez le coiffeur et l’esthéticienne qui s’est occupée de lui faire les ongles. Au début, elle était toute intimidée et, ensuite, elle a su profiter pleinement de ce moment en se laissant faire. J’étais émerveillée de la regarder, et je pourrais même dire de la contempler, si heureuse qu’on s’occupe d’elle, si heureuse de prendre soin d’elle. J’étais assise dans un fauteuil à regarder toutes les personnes affairées autour d’elle et je me disais qu’un moment comme cela valait de l’or et que, pour rien au monde à ce moment précis, je n’aurais voulu échanger ma place. C’était pour moi un privilège d’accompagner Elvira ! Elle continue d’avoir ses hauts et ses bas et, malheureusement, ces derniers peuvent être très violents. Nous essayons d’être présents au mieux.