Héloïse, Cuba

Ariel et Roberto

Par sa maladie, Señor Roberto laisse tomber tout le superficiel pour ouvrir son coeur au Christ et lui offrir ses souffrances.

Deux frères qui vivent ensemble, l’un est malade, l’autre prend soin de lui. Le premier est un homme de foi, le second ne croit en rien, mais vit, on ne plus concrètement, dans l’amour chrétien. Señor Ariel est dévoué à son frère pour prendre soin de lui. Señor Roberto souffre d’une insuffisance respiratoire qui l’affecte de plus en plus. Il est très affaibli et ne peut rien faire seul.

Lors d’une visite, Sr Ariel profite de notre présence auprès de son frère, pour aller faire quelques courses. Nous restons donc à converser avec lui. Il nous parle de sa jeunesse et de ses aventures en vélo puis, peu à peu, nous parle de sa maladie et de comment elle l’a ramené à l’essentiel : sa foi. Il termine son récit dans un souffle et commence simplement à dire que l’air lui manque. Nous le regardons, il paraît si fragile.

Puis, Sr Roberto me demande de lui donner l’oxygène de la bonbonne, à côté de lui, et de préparer la solution qu’il doit inspirer. Heureusement, il connaît les dosages des produits par cœur. Je l’écoute très attentivement et me rends compte que, peu à peu, il n’est plus en mesure de parler. Il continue de nous indiquer ce qu’il faut faire avec quelques gestes. Aleksandra le questionne et par ses oui et non de la tête, je termine de préparer son masque à oxygène.

Puis, Aleksandra sort dans la rue pour chercher Sr Ariel et je reste avec Sr Roberto. Je ne vous cache pas que je suis particulièrement stressée : peur de m’être trompée dans ce qu’il fallait faire et peur qu’il se passe quelque chose. Instinctivement, je prends mon rosario dans une main et la main de Sr Roberto dans l’autre et commence à prier. Ils reviennent, un quart d’heure plus tard. Sr Ariel vérifie que tout soit correct et nous rassure. Nous restons un long moment, jusqu’à ce que Sr Roberto se sente un peu mieux.

Sur le chemin du retour, nous gardons le silence. Nous sommes un peu secouées… Aleksandra finit par me dire : « Je crois qu’on a fait une bonne équipe » et me tend sa main. Je tape dans sa main et la croix de son rosario se glisse entre nos deux mains. Cela nous fait sourire, oui, vraiment, nous avons fait une bonne équipe.

Deux jours après, nous avons conduit un prêtre auprès de lui, pour qu’il puisse recevoir le sacrement des malades. Sr Roberto lui confie que, pour lui, accepter sa maladie, c’est se rapprocher du Christ et lui offrir chacune de ses souffrances. Sa maladie est le lieu de sa conversion plus profonde car, quand il n’y a plus rien de superficiel auquel se raccrocher, il est plus facile de rencontrer le Christ. D’une certaine manière, pour lui, sa maladie l’a sauvé et prépare son cœur. Ces paroles me laissent à penser, quant à la conversion profonde que l’on nous invite à vivre durant le carême, cette période qui nous propose de nous “remodeler”, pour être prêts à ressusciter avec le Christ. Sr Roberto, lui, accepte sa croix, parce qu’il est convaincu qu’elle le prépare à quelque chose de plus grand.