Armelle, Uruguay

Une carte de noël

Armelle raconte l’amitié qui lie Nahir et Sacha aux volontaires du Point-Cœur. D’année en année, ils conservent les petites cartes des personnes qu’ils aiment.

Nahir et Sacha sont deux bons amis, mère et fils, qui vivent dans le quartier voisin, les Palomares, quartier plus pauvre, où le trafic de drogue et le recel d’objets volés sont monnaie courante. Sacha a quarante ans et vit avec sa mère et l’épaule quotidiennement. Le mari de Nahir est mort il y a un an et il lui manque beaucoup. Leur appartement est étroit, mais ce n’est pas cela qui empêche Nahir d’être généreuse ! Elle a tenu à nous inviter tous les six à déjeuner chez elle. Sacha nous a enseigné à réaliser un tuco, spécialité traditionnelle uruguayenne ressemblant à la sauce bolognaise. Puis, nous avons joué au loto tous ensemble, ce fut un beau moment de partage. Nahir était si fière de gagner ! Elle et son fils sont de tempérament chamailleur, mais toujours avec humour et bienveillance. Nahir sait que son quartier n’est pas sûr et nous raccompagne toujours jusqu’au croisement.

Pour Noël, nous sommes allés apporter une canasta (panier cadeau offert par des jeunes d’une paroisse) à Nahir et Sacha, avec une tarjetita réalisée à la dernière minute. Une tarjetita, c’est une petite carte que l’on a pris l’habitude de faire et d’offrir lors des anniversaires ou des fêtes ou, pour le départ de l’un des volontaires. C’est une véritable institution. L’un dessine, l’autre écrit un petit mot et tout le monde signe. Pas grand-chose en somme, mais c’est l’intention qui compte. Nous conversons un moment avec Sacha et Nahir et leur montrons ensuite la canasta. Nahir l’ouvre et déballe tout, sortant un paquet de pâtes, une boîte de conserve, des produits d’hygiène… Et elle se met à pleurer. Non pas pour la canasta, mais pour la tarjetita que lui a remis Antonius. Elle nous dit, émue :« Je ne comptais pas pleurer aujourd’hui, mais vous m’avez émue ». Et dans son arbre de Noël, il y a une photo de son défunt mari et, également, trois tarjetitas des volontaires antérieurs. Elle et Sacha nous disent très simplement : « Ce sont les photos des personnes qui comptent pour nous et que l’on aime ».