Claire, Honduras

Une âme généreuse

Clémence nous présente Rosy, femme toute dévouée à l’éducation de sa fille Jennifer et de ses quatre neveux.

Je commence à connaître de mieux en mieux les amis du quartier et à entrer, petit à petit, dans leur intimité, à partager leur quotidien. Le courage de certains m’impressionne : même dans les situations les plus délicates, ils montrent une foi et une ardeur qui forcent le respect.

Rosy en est un bon exemple : à trente-six ans, elle élève seule sa fille Jennifer et ses cinq neveux, dont Gabriel, un jeune garçon porteur de handicap, qu’elle considère comme son propre fils. Ils vivent tous les sept dans un petit appartement, grâce au travail acharné de Rosy. Tous les jours, à l’heure des repas, elle vend des baleadas, plat typique d’ici composé d’une tortilla de blé dans laquelle on peut mettre des frijoles, du poulet, des œufs, du fromage… c’est délicieux ! Rosy prépare la pâte chez elle puis descend à son stand dans la rue, où elle prépare et vend ses baleadas. J’admire beaucoup sa capacité à ne jamais baisser les bras.

L’autre jour, nous sommes allés lui rendre visite, un après-midi, et elle allait justement commencer à préparer la pâte des baleadas : nous avons proposé notre aide et la visite s’est transformée en atelier cuisine ! Chacun a mis la main à la pâte, au sens propre. Ce fut un très beau moment qui a permis à Rosy de se reposer un peu. Le jour de son anniversaire, nous l’avons invitée à passer l’après-midi chez nous, à jouer et bavarder autour d’un gâteau, afin qu’elle souffle un peu. En plus de sa vaillance, Rosy est d’une grande générosité. Un jour, je faisais des courses au supermarché et je me suis rendue compte, à la caisse, qu’il me manquait quarante lempiras. J’ai alors demandé à la caissière de retirer un article, quand Rosy est apparue derrière moi comme par magie, tendant à la caissière un billet de cent lempiras…

J’étais vraiment touchée par la spontanéité de son geste et par sa promptitude à rendre service, même si c’était évidemment un prêt. Ce genre de petites choses m’enseigne que la mission ne consiste pas uniquement à se donner, mais aussi à beaucoup, beaucoup, beaucoup recevoir.