Hermine, Roumanie

Un sourire inaltérable

Florina, jeune maman d’une vingtaine d’années, possède ce sourire que rien ni personne ne peut altérer et qui communique tant de joie et d’amour.

Au milieu de cette petite troupe un peu mal à l’aise, Florina détonne. Comme toujours. Dans sa doudoune rose fuchsia, elle rayonne et arbore un immense sourire. Ses yeux pétillent : depuis longtemps elle attendait ce grand jour. Cette jeune maman, d’à peine vingt ans, ne cesse de m’étonner. Quelle que soit l’heure à laquelle nous venons la visiter, quelles que soient les circonstances, elle est heureuse ! Ses pommettes toujours barrées d’une large fossette, ses yeux qui plissent quand elle rit, sa voix douce et chaude, qui chante continuellement en majeur. Elle nous redonne le sourire en un rien de temps ! Rien de superficiel, au contraire, sa joie n’est jamais forcée. Elle semble surgir du plus profond de son cœur, telle une mélodie claire et forte, qui clame que rien, hormis l’essentiel, n’a d’importance. Cet essentiel, ce sont ses enfants, Ioana et Alexandru, aux frimousses malicieuses, tout pleins de cette inépuisable et belle énergie propre à l’enfance. Elle aime les regarder cavaler, veiller sur leur sommeil, les emmitoufler quand le givre recouvre les pentes de la colline où se trouve leur simple maison de parpaings. Simple certes, mais tellement chaleureuse : un véritable foyer qui n’a rien à envier aux luxueuses maisons dépourvues d’âme. Et, lorsqu’il faut aller chercher de l’eau au cimetière voisin, Florina, suivie de ses petits allègres, saisissant chacun un bidon d’eau, s’élancent tout heureux sur le chemin.

Il y a bien des jours plus difficiles que d’autres, une fatigue qui s’installe, une inquiétude qui guette mais Florina arbore toujours son indéfectible optimisme : « O să treacă ! Il y en a d’autres qui ont moins de chance ! », lance-t-elle en allumant le feu avec la brassée de bûches qu’elle vient de fendre dehors. D’un coup de briquet, elle met le feu à un vieux T-shirt et le jette dans le poêle. Quelques instants plus tard, une bonne flambée réchauffe les murs bleus de la petite pièce tandis que, dans la pénombre, Florina contemple son tout-petit, endormi sur ses genoux et caresse d’une main maternelle la tête toute ébouriffée d’Ioana qui s’endort près d’elle. Et, dans l’obscurité naissante d’une soirée d’hiver, dans le doux ronronnement du feu qui crépite et la respiration légère et régulière des enfants assoupis, la chaude clarté de son sourire envahit les lieux. Elle rassure. Elle réjouit. Elle espère.