Marie, Italie

Un goût renouvelé de la mission

Marie nous partage sa rencontre avec Daniele, un jeune napolitain, qui retrouve goût à la vie au contact des scugnizz (gamin des rues).

Parti six mois en mission avec Points-Cœur en Inde, Daniele est rentré en plein confinement. Désœuvré, isolé, tiré vers le bas par des amitiés mauvaises, il s’est perdu petit à petit. Je l’ai rencontré au début de ma mission. Frappée par son corps parfait, bien vêtu, attractif et travaillé, ses cheveux peignés et plaqués au millimètre près mais déconcertée de découvrir que c’est une image morte. Il semblait malheureux, morne, éteint. J’ai par la suite appris que Daniele était le fils de notre diacre Giovanni. Quand nous étions invités à manger dans sa famille, il ne nous adressait pas la moindre parole, le téléphone scotché à la main et s’en allait avant la fin du repas. Nous avons tenté de l’inviter plusieurs fois à déjeuner, à faire une retraite à Letino avec nous, de l’intégrer aux mille et unes propositions que nous faisions à nos amis. Impossible de compter sur lui.

Et puis, je ne saurais dire avec précision à partir de quel moment, un miracle s’est opéré en lui et a commencé à le transformer doucement, discrètement. Une chose le faisait s’illuminer de manière quasi systématique : parler de sa mission en Inde. À travers notre amitié, grandissante de semaine en semaine, j’ai vu Daniele se transformer, accepter de plus en plus régulièrement nos nombreuses propositions, s’en réjouir, désirer ces moments avec nous, devenir fidèle, vouloir nous faire rencontrer à tout prix ses amis. Moi, je l’ai surtout découvert lorsque nous lui avons proposé de nous accompagner le vendredi pour visiter les amis des Salicelle. Surtout pour aller jouer au foot avec les petits voyous du quartier des Mattoni. Grande joie de le voir se donner à fond : le Daniele à l’apparence parfaitement travaillée et à l’attitude indifférente finissait la journée rouge et essoufflé, en sueur, les cheveux en bataille mais un grand feu de joie dans les yeux. Après un de ces après-midi de feu, il me dit, pensif : « Sto pensando a tutto ciò che ho vissuto in queste ultime due ore » (je suis en train de penser à tout ce que j’ai vécu pendant ces deux dernières heures). Quelle joie pour moi de découvrir la fascination et la grande admiration que les gamins avaient pour lui. Et de voir Daniele « en action », se passionner pour la vie de ces scugnizz ; de le voir les aimer et de se sentir aimé par eux ; de le voir rayonnant et vraiment heureux.