Marie, Chili

Surprise du chapelet déconfiné

Au Chili, Marie raconte la joie de retrouver deux petits amis à la fin du confinement, et surtout la surprise de pouvoir contempler leur soif de cette présence des amis des enfants.

Je pense que la chose qui me coûte le plus pendant cette quarantaine, c’est de voir les amis derrière notre grille. C’est plus souvent les enfants qui viennent, et généralement pour demander de l’eau ! Mais quelle frustration de ne pas pouvoir leur ouvrir, les embrasser. La grille de notre petit jardin, fatalement, nous rappelle la distance.

Et hier, j’avoue avoir craqué quand mon petit Wilson est venu avec Felipe, un petit garçon terrible comme pas deux. Une barre de notre grille s’est cassée et il est donc bien facile de se glisser entre deux barreaux à notre insu et d’atterrir dans notre jardin. Evidemment, cet espace bien étroit ne fait pas peur au petit Wilson et sa petite bedaine, et hier, on a retrouvé les deux, sur le gazon, en train d’enlever les cailloux pour «nettoyer le jardin». Je ne les avais jamais vus aussi concentrés à une tâche, qui bien sûr était une excuse pour nous prendre un peu de notre temps que bien volontiers, on leur donnerait.

J’ai donc profité de la situation et obéit aux ordres. « Tia, on a besoin d’un balai pour balayer ». J’aurais été tentée de leur dire qu’un balai sur de l’herbe c’est physique, ça ne fonctionne pas. Mais trop attendrie par nos deux petits choux, j’exécute et vais chercher un balai pour chacun. Au bout de deux minutes, ils se rendent bien compte que ça ne marche pas, bien évidemment. Comme c’était l’heure du chapelet l’envie de leur proposer de le prier avec nous me démangeait. Malheureusement, c’était le jour de le prier en live sur Instagram. Solution de repli: laisser la communauté gérer le live et tenter de le prier toute seule avec les deux monstres. Pari risqué parce que s’il y a un moment où les enfants sont les plus terribles, c’est bien pendant le chapelet. Je tente quand-même, je propose. Et là… réaction inattendue, mais vraiment. Un cri de joie, immense, et des sourires: « Oh si tia, si si si !! »

J’aurais bien aimé goûter un peu plus longtemps à cet engouement soudain pour prier mais je me suis dit, on va très très vite se dépêcher de le commencer avant qu’ils ne se repentent de leur décision. Je peux vous assurer que je n’ai jamais vu Wilson (qui a plus l’habitude de prier avec nous que Felipe) aussi fervent, aussi sage et aussi concentré pendant un chapelet. Au beau milieu du chapelet, je tente une petite caresse sur la joue de Wilson qui me faisait vraiment trop craquer et qui est plutôt le premier à fuir ce genre de geste. Je m’attendais donc à un rejet comme il fait parfois en réponse à ce type d’attention tendre qu’on peut avoir pour lui. Mais non… je fus surprise par un sourire immense, sur ce beau visage et des yeux brillants. J’en ai encore le cœur tout chaud. C’était un moment très simple, on était assis tous les trois sur le gazon, face à une icône de la Sainte Vierge avec nos deux balais de travail à côté. Ce moment a été le plus beau de ma journée. Le plus gratuit. Le plus tendre. J’aurais aimé pouvoir le capturer et le graver tellement il a été inattendu pour moi.