Marie-Liesse, Pérou

Le mystère de la fin de vie

Comme des petites mains pour ne pas se casser la figure entre cette terre et Là-Haut, Marie-Liesse vit l’expérience de la présence gratuite auprès de Freddi et Alfredo lors de leur passage vers la mort.

Plusieurs événements ont ponctué ce confinement et nous ont profondément marqués dans notre croissance.

Un de nos amis est venu : “Bonjour, je vous demande de venir auprès de mon beau-frère qui est en phase terminale de cancer et aucun prêtre ne peut venir, venez pour prier… il va partir les jours qui viennent”. Le lendemain les masques en bouche et le chapelet toujours au poignet, nous entrons dans ce mystère de la fin de vie. Un homme aux joues creusées par la souffrance de la maladie est allongé, attendant que Dieu lui donne sa main. Son regard m’a bouleversé, il ne pouvait pas réciter le chapelet entièrement car des douleurs qui paraissaient insupportables altéraient son souffle, mais il ne disait rien. Finalement Dieu a encore versé sa Providence et après plusieurs appels et prière, un prêtre est venu lui donner l’onction des malades et Freddi est décédé quelques jours après.

Nous avons aussi pu vivre la fin de vie de notre ami Alfredo. Je ne sais pas si vous vous rappelez ce vieux monsieur logeant dans une chambre humide où une fois, une souris est sortie de ses papiers journaux ; celui qui dans sa chaise roulante faisait des promenades ou allait à la messe avec nous, a passé Noël au Point-Cœur et était le plus fidèle client de mes essais de coiffeuse. Agonisant, nous avons été à ses côtés toujours avec notre petit chapelet au poignet, récitant des chapelets ou des coronilla de la misericordia…

Dieu l’aime beaucoup je crois, car il a eu une vie compliquée : drogue, alcool… mais durant les derniers moments de sa vie, il avait un profond désir de se rapprocher de Dieu et Dieu lui a ouvert ses bras.

Alors que les prêtres ne pouvaient pas venir, la Providence a permis à Alfredito de pouvoir recevoir l’onction des malades. Il était inconscient mais au moment du pardon de ses péchés, sa respiration se faisaient très lente et son torse s’est levé́ lorsque le prêtre l’a absout. C’était un moment magnifique.

Police, pompier, urgence… aucun ne pouvait venir, l’hôpital bondé… Heureusement une de nos amie infirmière est venue et a travaillé avec tant d’amour jusqu’au dernier souffle d’Alfredo.

On savait qu’il n’allait pas passer la nuit, alors tous autour de lui, on lui tenait la main, et on priait… Lui si souvent seul dans sa chambre humide, était pour une fois entouré de tant de personnes ! Dieu sait que passer de cette terre à Là-Haut, demande vachement de petites mains pour aider à ne pas se casser la figure.

Son dernier souffle, un souffle de vie : je croyais que la mort était quelque chose de triste mais je n’ai jamais autant ressenti la Miséricorde qu’à cet instant où Alfredo était en train de s’envoler vers le Père.