Ségolène, Chili

La grâce de l'événement

Ségolène nous raconte cette célébration des fêtes patriotiques au Points-Cœur avec les amis du quartier. Comme toujours, de manière imprévisible, le miracle de l’événement a eu lieu.

Une quarantaine d’amis sont venus passer la journée à la maison. Vu le succès des dernières après-midi que nous avions organisées en invitant des amis, je ne m’y attendais pas du tout !

Depuis le début de ma mission, nous avons rarement réussi à réunir plus de cinq ou six personnes à la maison. Beaucoup d’amis sont venus pour la première fois ou bien viennent très rarement. Je me suis rendue compte que notre communauté d’amis avait pris la forme de notre communauté. Ce sont nos amis qui sont venus, ceux dont nous sommes les plus proches, finalement, ceux que le bon Dieu a placés sur notre route et qui trouvent en notre amitié un signe pour leur vie, en ce moment.

Vous auriez vu la joie de Don Sergio, un vieux papi de quatre-vingt-dix ans, son unique dent paraissant à travers son sourire fixé jusqu’aux oreilles, son armée de chiens à la grille. C’est tout juste s’il n’est pas arrivé en sautillant, sa canne comme bâton de majorette !

Señora Leo, une petite grand- mère de quatre-vingt-dix ans (et je pèse mes mots car elle mesure tout au plus 1m10 tellement elle est courbée) toujours souriante et heureuse, son sourire aux lèvres, demandant avec son air malin un troisième verre de pisco sour pour se réchauffer alors que sa voisine lui proposait sagement de prendre un tecito.

Chalya, une grande amie, totalement attentive à Señora Leo qu’elle ne connaissait pourtant pas. Monica, une femme avec qui l’amitié grandit de jour en jour et qui s’ouvre chaque fois davantage. Elle était rayonnante, souriante, simplement heureuse d’être là. Et nos amis fidèles : Sra Rosita, Sra Ana et ses petits-enfants, Carito, Don Luis, Marisol etc.

Ce fut une fois de plus l’occasion de faire l’expérience du miracle de l’évènement. Moi qui n’aime pas trop les événements de ce style, je redoutais cette journée depuis le début de ma mission. Ma première pensée de la journée était donc : « Ce soir, c’est passé ! » Finalement, au début de la messe, en contemplant nos amis si nombreux et surtout, si heureux, j’ai encore une fois réalisé que tout nous était donné, que l’évènement nous dépassait totalement. J’ai eu la grâce de pouvoir entrer dans cet émerveillement qui ne m’a pas quitté de la journée : tous nos amis, toute cette joie, toute cette vie ! Encore une fois, l’eau a été transformée en vin.