De la machette au chapelet
Par son amitié avec “les anges” de Point-Coeur, Randal a pu remplacer sa machette par son chapelet et reconnaître que c’était “le Seigneur qui le voulait”.
Randall est le premier ami du quartier que j’ai rencontré. Il m’a tout de suite dit qu’on était ses anges. Randal est un ancien addict à la drogue et souffre de dépression. Physiquement, il n’a pas vraiment l’air d’un enfant. Il a la cinquantaine, souvent torse nu, tatoué avec des piercings et le mulet. Avant, il ne sortait jamais sans sa machette “car on ne sait jamais…” et maintenant, il ne sort jamais sans son chapelet. Mais avec nous, il est comme un enfant. Il nous salue toujours tout sourire et essaye en vain de nous apprendre un virelangue mais chaque fois, la phrase change alors c’est un peu difficile.
Il est venu à la maison au début du mois car il voulait nous parler d’un problème. On lui a servi un café et une collation et il s’est alors plaint de sa colocation avec son frère. Ça ne va plus, c’est toujours sa faute. Il doit tout faire dans cette maison, c’est le seul à cuisiner, son frère ne fait jamais la vaisselle ni le ménage ni la lessive… Il faut imaginer cet homme nous raconter ses problèmes de colocataire étudiant… On est vraiment tous les mêmes. En dehors de cela, Randal racontait aux nouvelles missionnaires (c’est-à-dire moi) que les filles du Point-Cœur l’avait sauvé car un jour où il avait décidé de se suicider et qu’il avait la corde au cou, les filles ont voulu lui rendre visite. Il nous disait alors : “Je me demandais à ce moment si c’était le diable qui me voulait ou le Seigneur qui me voulait”. Aujourd’hui il est tout fier de porter son chapelet autour de son cou tatoué et d’aller tout les dimanches à la messe.