Marianne, Thaïlande

Bercé par le chapelet

Par la présence des filles du Point-Coeur, Lung Phii chaa se tourne vers la Vierge Marie pour appeler sa présence.

Lung Phii chaa est l’un de nos amis qui avait pris beaucoup de place dans nos vies.

Nos visites ont commencé si simplement : il était toujours sur une chaise roulante sur la place publique près du petit marché et nous disions bonjour, sourions, faisions le waj. Puis petit à petit, nous avons commencé à discuter quelques mots. Et puis, Thien et Monika se sont prises d’affection pour lui, voyant sa misère humaine, comme poussées à y retourner. Il était si seul.

Puis il est tombé malade, nous avons été ensemble au centre de santé, puis chez lui. Il y a quelques semaines, les médecins ont déclaré qu’il n’y avait plus rien à faire pour l’aider.

Depuis, nous voyons le déclin de jour en jour, sa faiblesse, sa dépendance. Et aussi son angoisse très forte devant la mort. Il appelle en permanence. Cela me bouleverse, ce cri permanent pour une présence : la plupart du temps, il appelle sa compagne mais parfois il appelle « la Mère ». Signe convenu entre nous, il signifie qu’il veut tenir le chapelet dans ses mains, et appelle la Mère de tout homme à son secours. Souvent, nous La prions jusqu’à ce qu’il s’endorme (sinon il ne dort pas). Il s’endort avec le chapelet dans la main, qu’il serre si fort qu’on ne peut l’enlever. Au jour où je finis cette lettre, nous venons d’apprendre son décès hier.