Caroline, Brésil

Anita nous indique l’Essentiel

Caroline nous présente Anita, qui par sa présence et son amour fidèles pour les habitants du Point-Coeur de la Fazenda, dépourvue de tout regard sur soi, indique aux volontaires et consacrés le chemin de l’Essentiel.

Chère Anita,

Nombreuses sont tes attitudes qui sont l’expression d’une sagesse conduite par un Autre auquel tu t’es abandonnée pas à pas. Comme lorsque tu embrassas Senhor Mateus après que vous ayez tous deux reçu le sacrement des malades et lui dis pleine d’espérance : « C’est ça la Vie ! »… Ton amour de prédilection pour certaines personnes est d’une extrême fidélité. D’abord, et depuis son arrivée, ton amitié avec Diego ne laisse pas de nous surprendre. Tu devines ses besoins, l’embrasses sur le front. Toi seule as le secret pour l’attendrir. Tu lui offres une compagnie constante. Tu as écrit le nom du petit Bernardo sur les murs de ta chambre, lui qui, depuis ses deux ans, habite ton cœur, même s’il est parti il y bien longtemps. Souvent tu demandes des nouvelles de Marcos et Maicom, tes enfants comme tu dis, et de leur père Pequeno qui a le don de te faire danser !

Ton amour pour la nature, les petites bêtes comme les grandes et surtout le spectacle et le chant des oiseaux, nous attire vers la beauté qui nous entoure. Les longues heures quotidiennes passées à la chapelle auprès du Bien-Aimé, ta confiance en la Mère, en silence, nous indiquent l’Essentiel. Depuis que tu es arrivée en 1995 à la Fazenda, tu as parcouru un long chemin de dépouillement vers l’Essentiel.

Tes anciens amis artistes de Salvador nous ont parlé de ta célébrité comme artiste, de ton succès, ta beauté… Mais je pense que tu es encore plus belle aujourd’hui avec ton visage à la fois émacié par la souffrance, à la fois lumineux d’une vraie pauvreté, celle de Celui qui a tout remis, abandonné. Ton cri est simplement « Dieu, sauve-nous ». Ce Deus, salvai nos, tu le clames avec insistance lorsque l’angoisse t’envahit.

On peut te classer dans la case des schizophrènes, déments séniles, mais même si tu souffres de tout cela, sans défense, tu nous révèles une sagesse bien plus essentielle et tu réjouis le cœur de Dieu. Vivre avec toi demande une vigilance constante car tu vois au niveau du cœur et il ne s’agit pas de passer à côté. Recevoir un de tes si beaux sourires, croiser ton regard, prendre le petit déjeuner en écoutant les oiseaux, s’asseoir avec toi quand il pleut et que cela t’angoisse…

Chacune de ces occasions est un privilège car ce sont de vraies rencontres avec… une sainte. Ton désir du ciel, tu l’exprimes bien souvent même si tu attends patiemment l’heure de Dieu. Lorsque tu t’étends le soir pour dormir, après avoir reçu la bénédiction et prononcé avec tendresse ton « merci », tu t’abandonnes avec confiance.

Merci Anita pour tout ce que tu es, pour ce chemin que tu nous montres jour après jour d’embrassement avec le Seigneur par ta vraie pauvreté dépourvue de tout regard sur toi.

Merci Seigneur de me donner cette compagnie chaque jour. Donne-moi de regarder toujours plus souvent et profondément Ton visage et de me laisser faire par Toi pour devenir de plus en plus, à l’image d’Anita, le petit instrument de Ta glorification.