Gaspard

50% avec eux, 50% avec nos

Gaspard nous présente David qui, malgré son pied dans les gangs, a entraperçu un espace de liberté en participant à la vie du quartier et du Point-Coeur.

Nous sommes rentrés depuis deux jours et, déjà, nous retrouvons David, ce jeune à la recherche d’amis à qui se confier, passant chaque jour, nous parlant de ses craintes, de ses doutes. Il nous confie qu’il est cinquante pour cent avec nous, cinquante pour cent avec « eux » (gangs). S’il vient, c’est qu’il sait qu’on connaît son histoire et qu’on ne le jugera pas. Nous l’écoutons, conscients que son passage total vers « eux » est proche et, pourtant, nous gardons espoir. Ce jeune a un grand cœur et nous le montre chaque jour.

Au Salvador, il est de tradition de mettre une croix à la porte de sa maison avec des fruits au pied, le premier dimanche de mai, en l’honneur de la Sainte Croix. Chaque personne, avant de prendre un fruit, fait une petite prière personnelle. Nous avons donc motivé David à nous fabriquer la croix. Nous le retrouvons donc, à huit heures du matin, au pied du Punto, une croix à la main et un grand sac de course rempli de fruits. Ensemble, nous faisons de notre porche un lieu de commémoration et de joie. Ainsi, tout au long de la journée de nombreux enfants et amis passent, prennent un fruit ou deux, les mangent sur place ou les gardent pour leur famille. Le soir, nous racontons à David, toute la joie qu’il a semée. Lui, qui a parfois des doutes sur l’utilité de sa vie, il en a le sourire aux lèvres.

Il a un potentiel pour de grandes choses mais, difficile de se séparer du groupe qui le tire vers la violence et la délinquance. De nombreux amis tentent de fuir, tous n’y arrivent pas et vivent dans la peur. Il y a peu de temps, David nous a dit qu’il va quitter le pays dans un mois pour fuir tout ça, que tout est prêt… Difficile de cerner le vrai du faux, pourtant, ça nous révèle son désir de changer, de prendre un nouveau départ, sa soif de liberté.